Nouvelles attaques allemandes de part
et d'autre de la Meuse : Saint-Mihiel
le fort
du Camp des Romains (20 au 30 septembre) Activités
de patrouille en Woëvre à hauteur de Verdun (septembre à
Novembre 14)
A
partir du 20 septembre et jusqu'à la fin du mois la 5ème Armée Allemande du
Kronprinz lance une nouvelle série d'attaques à l'ouest et à l'est de la Meuse
visant une nouvelle fois à isoler la place forte de Verdun. Cet objectif n'est
pas atteint, mais l'alerte de nouveau est chaude et des positions importantes
tombent en mains allemandes, qui le resteront pendant toute la guerre, pesant
lourdement sur le sort précaire de Verdun : Vauquois, les Eparges,
Saint-Mihiel.
Entre Meuse et Argonne, partant de la région de Montfaucon, les Allemands s'emparent de Varennes, du remarquable observatoire que constitue la butte de Vauquois, atteignent le ruisseau de Forges.
En plaine de Woëvre, ils bousculent les faibles forces françaises et s'emparent de la crête des Eparges, de Vigneulles et d'Hattonchatel.
Le 24, ils occupent sans coup férir Saint-Mihiel et établissent une tête de pont sur la rive ouest de la Meuse où ils se heurtent à la défense du fort des Paroches.
Le 25, grâce à une puissante attaque organisée à un échelon élevé du commandement et avec des moyens d'artillerie importants (mortiers de 305 autrichiens notamment) ils prennent d'assaut le fort du camp des Romains. Malgré ces brillants succès, ils n'exploitent pas, comme semble-t-il ils auraient pu le faire, en direction de Bar-le-Duc...
Le
VIIIe CA français engagé en catastrophe, réussit à bloquer son avance vers
le sud au prix de combats sanglants, qui se poursuivront jusqu'en 1915 (bois
d'Ailly, etc...).Les communications en direction de Verdun par la vallée de la
Meuse sont coupées et le resteront jusqu'en septembre 1918 !...
Ces combats apportent également leurs lots de misères.
Un témoin a écrit le récit des évènements survenus à MOUILLY en septembre 1914. En voici un court résumé. " En août le village abrite des installations sanitaires françaises. Le 8 septembre l'infanterie et l'artillerie allemandes s'installent aux abords de la localité, dont ils contrôlent les issues. Leur objectif est à cette date le fort de Troyon. Un incident grave a lieu dès le 8. Un coup de feu parti de la lisière des bois blesse un soldat allemand. On arrête alors le curé l'abbé ALNOT et on procède à des fouilles dans les maisons du village, sans résultats. L'abbé est finalement libéré mais de graves menaces de représailles pèsent sur le village. D'ailleurs dès le 8 deux habitants sont arrêtés pour des motifs futiles : le boucher M. MARTINOT et son neveu Emile NOEL (19 ans) et le 12 l'est également Nicolas DARAUX.
Ayant échoué devant le fort de TROYON et en raison des menaces que fait peser sur leurs arrières les contre-attaques françaises les Allemands quittent précipitamment MOUILLY le 13. Un véhicule en panne à 3 km de la localité et chargé de fûts de pétrole donne à penser qu'ils avaient l'intention d'incendier MOUILLY. Le 14 une patrouille française découvre à COMBRES les corps des trois habitants de MOUILLY emmenés par les Allemands. Ils ont été fusillés....
Le
village est ainsi libéré mais a beaucoup souffert des tirs de l’artillerie
française du fort de Genicourt. Désormais il est soumis aux tirs de l'artillerie
allemande. Bientôt aux trois quarts détruit il sera abandonné par ses derniers
habitants repliés en majeure partie (160 habitants) en Haute-Savoie. Il sera
ensuite tristement pillé par nos troupes. Dans "Ceux de 14" Maurice
Genevoix a écrit sur MOUILLY quelques pages émouvantes.
A Vigneulles et
à Hattonchatel
le 20 septembre les Allemands occupent la ville et les soldats , souvent ivres
mettent le feu à de nombreuses maisons. Trois personnes sont fusillées ; une
au bois St-Benoit et deux sur la place de la Gare à Chambley.
A Combres
les 22 et 23 septembre des
civils sont exposés sur la "côte du fer à cheval' (qui est battue par
les tirs français) et y sont laissés sans nourriture.
A Varnéville
le 26 un certain nombre
d'habitants sont enfermés dans l'église, puis conduits à Woinville, où ils
sont laissés quatre jours sans nourriture.
Les
habitants de Dompierre et de MontSec sont également enfermés dans leurs églises lesquelles
sont exposées aux tirs d'artillerie français. Leurs pertes respectives sont de
22 tués, 44 blessés et de 2 tués, 70 blessés.
A
Saint-Mihiel,
Saint-Maurice,
Hannonville, Woël, Dommartin-La-Montagne,
Lamorville, Viéville ont lieu des exécutions sommaires et les
contributions de guerre sont imposées par l'envahisseur.
Les évènements de guerre en plaine de Woëvre face à Verdun (septembre à fin 1914)
Pendant que se déroulent les opérations que nous venons de décrire et qui donnent parfois lieu à d'âpres et sanglants combats, s'installe en Woëvre entre Etain et les Côtes de Meuse, une "drôle de guerre". Dans une sorte de no man's land profond de 5 à 15 kilomètres, Français et Allemands s'affrontent dans des activités de patrouille et de reconnaissance.
Le Député Maginot, engagé volontaire comme simple soldat, a fait le récit dans ses remarquables "carnets de patrouille" de son expérience guerrière et de chef. Le 26 août il commande une patrouille composée de deux de ses collègues députés : Chevillon et Abrani, et de lui même, et chargée de reconnaître Maucourt et Mogeville distantes de Bezonvaux (base de départ) de 3 et 5 km. Le ler septembre il dirige une reconnaissance sur Gincrey. Un de ses patrouilleurs est le célèbre Louis BEST, un Meusien, qui méritera d'être considéré à la fin de la guerre (qu'il terminera avec le grade d'Adjudant) comme "le meilleur fantassin de l'Armée Française".
Quelques
jours plus tard, à Mogeville, à la tête de 4 ou 5 hommes il donne l'assaut à
la Baïonnette au début du jour à une troupe de plusieurs dizaines d'Allemands
occupés à creuser des tranchées. La garnison ennemie est prise de panique et
un bataillon français peut occuper le village quasi sans coup férir.
Le 9 novembre Maginot est grièvement blessé près de Maucourt.
Cet
ensemble de villages de la plaine de Woëvre demeurés sous notre contrôle
seront abandonnés en février 1916 lors de l'attaque allemande sur les Hauts de
Meuse. Nos unités implantées dans ces villages, menacées de débordement, se
replieront alors sur ordre sur les Hauts de Meuse.
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