Le Drame de la garnison de Montmédy (29 août)
La place forte de Montmédy forte de 2 300 hommes contrôlait la vallée de la Chiers et l'importante voie ferrée Sedan Longuyon. Elle aurait pu constituer au moins pendant quelques jours un rôle de résistance efficace. Sa mission n'ayant jamais été clairement définie, elle n'offrit en fait qu'une résistance dérisoire. Elle fut autorisée le 27 août par le GQG de Joffre dont elle dépendait directement à se replier sur Verdun...
Le détachement quitte Montmédy dans la soirée du 27. Faute de guides sûrs, il erre dans la nuit et se retrouve le 28 au matin en forêt de Woëvre près de Mouzay. Des patrouilles envoyées vers le sud recueillent alors des informations selon lesquelles le détachement se trouve face à d'importantes forces allemandes progressant du nord est au sud ouest en direction de la Meuse. Décision est prise de ne pas poursuivre le mouvement au cours de la nuit du 28 au 29 et d'attaquer le 29 au matin pour s'ouvrir un chemin vers la Meuse de Vilosnes.
L'attaque
menée par un bataillon d'active (du 165e R.I.) doit permettre l'ouverture d'une
brèche par laquelle les autres unités s'échapperont au plus vite vers le sud.
L'attaque connaît un succès initial grâce à l'effet de surprise et les
Allemands subissent des pertes importantes. Mais ils se ressaisissent rapidement
et certaines unités françaises faute de se conformer aux ordres sont à
l'origine d'une confusion extrême et l'affaire tourne au désastre pour les
Français. Plusieurs velléités de "cessez le feu", semble- t -il,
non respecté ici ou là en raison des difficultés de Commandement. Soit par
représailles pour les pertes subies, soit par conviction d'une traîtrise française,
les Allemands massacrent des prisonniers. Quelque six cents soldats français
sont tombés dans cette dramatique affaire. Huit à neuf cents connaîtront une
dure captivité à Ingolstadt. Quelques dizaines d'hommes réussiront à
rejoindre Verdun ...
La retraite vers l'Ornain entre Meuse Argonne et la contre offensive française (ler-11septembre 14)
La III° Armée du Général Sarrail réduite à deux Corps d'Armée les Ve et VIe - le IVe C.A. ayant été dirigé vers la région parisienne pour entrer dans l'armée Maunoury mène entre le ler et le 10 septembre un combat en retraite difficile entre Meuse et Argonne. Le Général Sarrail dispose encore, il est vrai, du groupement de réserve du Général Pol Durand (65e, 67e et 75e D.R.) et des troupes de la défense mobile de Verdun (72e D.R. 164e et 165e R.I.).
Combat difficile car il lui faut maintenir le contact à sa gauche avec la IVe Armée qui retraite en Champagne à l'ouest de l'Argonne (Pendant cette phase de la bataille aucun des deux adversaires n'engage de force significative dans le massif forestier argonnais qui demeure un no man's land jusqu'au 10 septembre), à sa droite avec la place de Verdun, malgré une pression très vive de l'armée du Kronprinz et la menace que fait peser sur ses arrières l'attaque allemande sur le fort de Troyon (8 au 12 septembre).
L'intervention du XVe C.A. prélevé à l'est sur la IIe Armée à partir du 8 septembre permet d'arrêter l'ennemi au prix de sanglants combats à hauteur de Vassincourt.
Du 6 au 11 septembre de violents combats sont en effet livrés pour la possession de ce village qui change de mains à plusieurs reprises. A la fin des combats Vassincourt est entièrement détruit. A partir du 8 s'illustre dans ce secteur la 57e brigade (composée de Provençaux et de Niçois elle appartient à la 29e D.I. du XVe C.A.).
Dans la nuit du 9 au 10 les Allemands déclenchent une dernière mais puissante attaque à hauteur de la ferme et de la station de la Vaux-Marie défendues par le 29e B.C.P. (un des deux bataillons de Chasseurs à pied de Saint-Mihiel !). L'attaque est enrayée. Les pertes sont lourdes de part et d'autre. Le cimetière militaire de Rembercourt aux Pots témoigne de ce grand sacrifice ...
La menace qui pesait sur Bar-le-Duc est levée grâce à l'héroisme de ces soldats à propos desquels le Général JOFFRE dans un ordre du jour célèbre a pu écrire : " Ils ont OBEI ''.
A 1'issue des combats la Place de Verdun échappe quant à elle a 1'investissement et ce grâce à la vaillance des unités du Ve et du VIe Corps combats de la Vaux-Marie (10-11 septembre) des défenseurs du fort de Troyon (8 et 12 septembre), et à l'ardeur offensive des divisions de réserve et de la force mobile de Verdun qui ont fait peser une menace sur le flanc gauche du Kronprinz et ont permis à Sarrail de tenir le pari difficile de maintenir un front continu de Verdun à Sermaize : le 10 septembre, 10 kilomètres à peine séparent les unités allemandes de part et d'autre de la Meuse à hauteur de Troyon.
Dès le 11 les XVe, Ve et VIe CA passent à l'offensive et le 13 septembre nos forces occupent la ligne générale Varennes, Vauquois, Avocourt à l'ouest, Moulainville, Haudiomont, les Eparges à l'est de Verdun.
Après le reflux de
l'invasion, vers le 12 septembre 1914, nos campagnes et nos cités, entre Meuse
et Argonne, de Montfaucon à Revigny présentent un tableau effrayant de désolation
et de ruines, comme si un cyclone fracassant et forcené s'était engouffré
dans la vallée de l'Aire.....